Il était une pénultième fois en Andalousie |
Les
aficionados, membres de COL Y TOROS, réservent, depuis plus de dix ans,
une semaine automnale, pour le traditionnel herradero
et la fiesta campera à la Finca Mirandilla à Gerena.
Après
un début de semaine bien huilé et des nuits à compter, non pas les moutons,
mais les 67 millions d’oliviers de la Province de Jaén,
il était temps de prendre le taureau par les cornes, pour s’immiscer dans les campos sévillans et en particulier à la Finca Mirandilla.
Si
Grenade n’était pas sur la route du
pèlerinage annuel, une petite bombe avait éclaté lors de la féria des vendanges
à Nîmes. Le mayoral des toros d’ Albaserrada,
Fabrice Torrito, nous invitait à la penultima Fiesta campera.
La Bomba
Quel
lieu plus symbolique que la Bomba pour
célébrer 30 ans d’amitié, de partage et de passion. Dans ce temple taurin dédié
aux tapas, au vino
blanco, au rebujito, au tinto de verano, à la cerbeza
et que sais-je encore ! L’émotion était palpable, notamment lors de
l’échange de trophées entre Alain Ducros, le
Président de Torrito aficion, Fabrice Torrito, le mayoral,
Isabella et Fernandez
Mayo, le propriétaire de la Bomba,
accompagné de sa famille et de son équipe.
Créativité,
originalité et personnalisation surprenaient, en même temps qu’elles
ravissaient, le monde considérable, en majorité de descendants des Gaulois qui, pour une énième soirée, occupait les
comptoirs de la taverne de la Bomba.
Stéphanie Torrito, la sœur de notre cher mayoral, a fait parler son talent et son
adaptabilité à l’événement, par la création d’un trophée remis en deux étapes,
(9 et 30 novembre), permettant l’assemblage de deux parties, d’un bel effet.
Bravo l’artiste !
En
retour, la famille Mayo, se jetant à l’eau,
remit à notre mayoral, un tableau
représentant une montera, pleine d’œufs.
S’agissant d’une création, chacun se « tortilla »
l’esprit, sans pour autant le coiffer, pour interpréter l’œuvre. Rires, larmes
et paroles bienveillantes accompagnèrent cette cérémonie qui, dans l’allégresse
du moment, cachait une certaine tristesse. Celle du devoir accompli par le mayoral, mais sans « faim » assouvie.
Celle d’une relation amicale entre aficionados
français et espagnols, bien ancrée à Gerena,
que chacun souhaite voir perdurer.
Si
la soirée fut chaleureuse au possible, pleine d’échanges et de souvenirs, sans
oublier les levées de coudes, pour autant, pour en avoir vécu d’autres, elle ne
fût pas délirante comme le furent certaines.
Herradero
La
penultima journée d’herradero
méritait bien que tout le groupe se présente à l’heure et en ordre, au petit
déjeuner, servi à la Finca, pour le
traditionnel marquage des taurillons, sans oublier le señal,
la découpe d’oreille.
Assuré
que plus de deux fers étaient mis au feu, le véto, tout de vert vêtu, donna le
feu vert à cette étape obligée, dans la vie d’un taureau au campo. L’identité
du toro, l’appartenance à une casta, il faut savoir le fer et le fer savoir
c’est mieux, question de traçabilité.
Le
véto levé, Fabrice Torrito et Philippe Michel, loin de freiner des quatre fers,
eurent à cœur que coutumiers ou néophytes puissent marquer au fer un Albaserrada.
La
foule d’aficionados, disposée en fer à
cheval, autour du corral de Mirandilla,
apprécia l’habileté des attrapaïres, souvent
vaqueros ou toreros
en herbe, le travail des plus initiés au fer, le courage des apprentis. Dans
l’effervescence du moment, la sortie inopinée de certains taurillons mit le feu
au faire des uns, envoyant d’autres, les quatre fers en l’air.
Notons
que nombre de membres de COL Y TOROS
participèrent activement à cette ferrade aux côtés des autochtones et autres aficionados. Particulièrement actifs, Hugues et sa crème réparatrice sur les impacts
meurtris des taurillons, Patrice en jambes
pour tenir les bêtes à terre, Alain, seul
détenteur de la clé des champs, pour libérer l’animal de l’enclos. Dans cette
ambiance familiale, j’apprécie toujours le geste plein de reconnaissance et de
respect de Fabricio, à l’égard de Maruchi, l’invitant à marquer, ensemble, un
taurillon Albaserrada.
Le Campo
Marquer
les taureaux, c’est une chose, les voir vivre au milieu du campo, en est une autre.
La
présence de plusieurs clubs taurins français, membres, bien souvent, de Torrito aficion, coorganisateurs de ces journées
au campo, obligèrent notre mayoral à proposer l’immersion, dans les enclos
des taureaux, en deux « chars-terre ».
Composées
d’aficionados plus que de touristes, ces
rencontres avec les animaux sauvages, faut-il le rappeler, sont toujours des
moments d’intenses sensations voire d’émotions. L’apport pédagogique du mayoral, fin connaisseur du comportement et de la
vie de ses pensionnaires, sa vision et son analyse de la tauromachie ajoutent
une note exceptionnelle à notre apprentissage de la culture du taureau.
Pour
avoir bénéficié des deux visites, j’ai pu savourer pleinement ces instants et
apprécier, d’autant plus, que ces apports ont été plus complémentaires que
répétitifs. J’ai bien aimé la présentation du lot des 4 ans, le n°22 Electo, aux cornes dites playeras et le n°49
Rosinante, au trapio impressionnant.
Tentadero
Aussitôt,
les derniers participants descendus des remorques, tentadero
et capea étaient proposés dans l’historique plaza de tienta. Le tentadero
est un moment important pour le mayoral et
quelques initiés pour apprécier la bravoure du taureau ou de la vache, juger de
sa noblesse pour la postérité du fer. « La métal liturgie » du mayoral. Sic.
De
mon gradin, je trouve ce temps pas toujours lisible, quand bien même je
m’interroge sur la façon dont le taureau baisse la tête, reste dans le leurre,
charge le picador. Alors, j’hésite à exprimer un ressenti, par connaissance
insuffisante des règles et du vocabulaire taurin. En revanche, écoutant le mayoral ou les aficionados
aguerris, j’apprécie, à postériori, cette page d’observation taurine à Mirandilla.
A
noter la présence du matador de Gerena Manuel
Escribano qui répondit présent à l’invitaion du mayoral.
Capea
La
capea est l’occasion de mettre en exergue de
jeunes apprentis, filles ou garçons, devant un becerro,
novillo de moins de trois ans, aux côtés
parfois de maestros, enfants du pays, ou de maestros retirés de l’escalafón,
comme Tomás Campuzano. Dans cet exercice,
j’ai plus noté le courage que la posture, à l’exception d’un jeune en devenir, Rogelio et des interventions d’Escribano, à la rescousse des apprentis toreros.
Cocido
Les
douze coups de midi avaient sonné depuis belle lurette, il était temps, à
l’heure espagnole, de lever le verre en se disant : « A la
tienta Etienne… ». C’était l’occasion de remettre le Trophée Gillou, au meilleur attrapaïre.
Présent depuis 15 ans, à toutes les ferrades, Juanma
Fuentes, reçut ce trophée, des mains de la veuve de Gillou, l’inégalable
et attachante Arlette, aux côtés du
président de Torrito Aficion et du mayoral.
Pour
mettre fin à cette journée, consacrée au taureau, la faim justifie les moyens.
Chiche ou pois chiche ! Les
habitués en avaient l’eau à la bouche, pas des encornés, mais de la spécialité
espagnole. Maître « cocido », sur
son écuelle, penché, bien aidé par l’équipe d’Isabel,
servit ce met roboratif, spécialité espagnole : le cocido, à une salle bondée, record absolu de convives, 160 dont
120 français.
Escapade Séville
Flamenquito et sévillanas
clôturaient la journée, tandis que notre groupe se dirigeait vers Séville.
Au
programme, dernières emplettes, chez Antonio,
pour ne citer qu’une adresse ou dernières visites d’un lieu incontournable de Séville la belle. Véro
et Philippe nous avaient réservé une soirée à la Mesón del Serranito. Après ce souper, tête baissée, pour les
plus grands ; les plus courageux traversèrent le Guadalquivir,
pour rejoindre le quartier de Triana et
s’exercer aux sévillanes dans le bar typiquement sévillan « Lo Nuestro ». Garons
nous de tout commentaire dirait l’équipe à Hugues
et Thierry.
Ultima journée
La
12° Fiesta campera, samedi 11 novembre 2023,
à la Finca Mirandilla, prévue à 12h00,
permettait au groupe de bénéficier d’une matinée plutôt calme. Sauf que, nous
étions conviés, place de la Cantina, pour
participer à l’échange de trophées entre la mairie de Gerena
et Torrito aficion. Le groupe ne s’y est pas
trompé et dès 8h00, chacun pointait son nez
à la Cerveceria Puerta Triana,
appelée à tort bar des chasseurs, pour savourer son petit déjeuner.
La Cantina
C’est
à pied que nous gagnons la place de la Cantina.
Nous déambulons plus disciplinés qu’un car du 3ème âge, pas encore,
mais à l’heure ! La Cantina qui occupe
un terrain que le Marquis d’Albaserrada,
avait cédé gracieusement, à la ville, en vue de la construction d’une gare.
Sur
la place où a été dressée une mini estrade, nous sommes rejoints par le staff
de Torrito aficion et par d’autres membres
de l’association.
L’arrivée
des édiles, pupitre en main, ouvra la cérémonie. Fabrice
prît la parole pour rappeler brièvement, sans forfanterie, comment il en était
arrivé là, pour assouvir une passion qui se fît évidente, lors de l’exposition
universelle de Séville en 1992. Que,
s’installant à Gerena, il dénicha, par
ailleurs, l’oiseau rare qui emballa son cœur, Isabel.
C’est avec elle qu’il a construit l’aventure que nous connaissons. En fin
diplomate, il ne s’attarda pas sur la fin de sa mission à Mirandilla, mais il évoqua avec subtilité les
projets ou les souhaits qui trottent dans sa tête pour lui et pour la ville de Gerena.
Alain Ducros, dans la langue de Molières,
bien secondé par son épouse Hélène,
interprète de la langue de Cervantes,
retraça l’histoire de Torrito aficion,
nommant les présidents et les membres fondateurs qui le précédèrent. Il termina
son intervention sur une note optimiste, assurant que l’association sera
toujours au côté de Fabrice en s’adaptant au
projet qui sera le sien demain.
Javier Fernandez Gualda, maire de Gerena, salua, d’un bonjour bien français, la
foule massée sur la place, une centaine de français et trois espagnols, avant
de retrouver sa langue maternelle que Fabrice
nous déchiffra. De sa prose, j’ai retenu que lui aussi, comme Fabrice, il n’est pas un enfant du pays, puisque
originaire de Bilbao, soulignant la place de
la tauromachie dans sa ville, berceau de nombreux toreadors,
et la notoriété qu’apporte Mirandilla, sous
la houlette du seul mayoral français, à sa ville. Ville visitée par de nombreux
français mais pas que, où une relation privilégiée et pérenne s’est instaurée
entre des gens du sud de la France et ceux
de Gerena.
Il eut des mots de reconnaissance, pour le mayoral
qui, au-delà de la passion du taureau, trouva l’amour de sa vie, en la
personne d’Isabel.
Pour
conclure, il apporta de l’eau au moulin de Fabrice,
annonçant le projet, appelé des vœux du mayoral,
à savoir la création d’un musée taurin et d’un arène.
Après
une Coupo Santo, à la glori dou terraire,
photos et apartés s’en suivirent, sans s’éterniser. Comme beaucoup le
soulignèrent dans le groupe, j’ai regretté l’absence des gens du pays,
apparemment pas ou peu informés et d’une petite sonorisation qui aurait rendu
plus audible certains discours. En revanche, j’ai apprécié le contenu des
intervenants, en particulier celui d’Alain Ducros,
nous permettant de relire le passé, pour mieux comprendre le présent..
Gregorio
Nous
voilà repartis rejoindre nos véhicules quand, un personnage incontournable,
bien connu des aficionados nîmois, Gregorio Arias, nous ouvrit les portes de sa
caverne d’Ali baba, bien située sur notre
passage. Bienheureux celles et ceux qui seront appelés à répertorier tout ce
que ce lieu magique, pour un aficionado curieux, renferme d’objets :
habits, photos, souvenirs en lien avec la tauromachie. Dès que vous y pénétrez,
la vue vous décoiffe, ne serait-ce que par sa collection de chapeaux. Merci Gregorio, vous êtes un personnage attachant,
accueillant, bienveillant, plein d’humour, heureux de partager votre passion en
toute simplicité. Pour la petite histoire, il mit Lucie,
qui, pour le coup, n’était pas « de loustal »,
sur le devant de la scène, en lui passant l’habit de lumière. Chapeau bas Gregorio. Muchas gracias !
12° Fiesta Campera
Nos
voitures ne tardèrent pas à passer les portes d’Albaserrada
et munis de nos billets verts, nous prenons place sur les gradins de la Cerca de los franceses, pour la 12° fiesta campera. Pas de « no hay billetes »,
mais un public nombreux et connaisseur pour voir les quatre novillos d’Albaserrada.
Avant
de commencer la faena, Fabrice Torrito tint à rendre hommage à Eduardo Rolán grand aficionado qui n’avait jamais
raté un festival et qui nous avait quitté cette année. Sa famille autour d’Isabel et de la Marquise
d’Albaserrada reçut un trophée commémoratif ainsi qu’une standing
ovation.
Une
fois la présidence installée dans le palco,
composée de Gregorio, entouré de deux
assesseures, dont Sylvie, la parisienne
exilée, la novillada commença.
Le paseo
Au paseo, Rogelio Pajuelo, Nabil « El Moro », Uceda
Vargas et Calerito.
La
bonne surprise fut ce “gamin” de 14 ans, Rogelio.
En voilà un qui a tout compris, dans la posture, l’envie de progresser et la
détermination à combattre le taureau. Cerise sur le gâteau, il porta même
l’estocade, de façon plutôt intéressante, sachant qu’il réalisait ce geste pour
la toute première fois de sa carrière ! Les autres, soit ils n’ont pas eu
le taureau qui les aurait mis en valeur, soit ils n’ont pas su briller face au
taureau, mieux disposé.
A
écouter les uns et les autres, le lot d’Albaserrada
qui nous a été proposé, avait de la casta.
Le
trophée "Eduardo Rolán" du meilleur novillero
fut remis à Rogelio Pajuelo..
Pour
ma part, j’ai eu un faible pour le taureau, castaño
ou berrendo en colorado, préciseraient les
puristes. Les goûts et les couleurs … j’ai apprécié Rogelio.
J’ai pris du plaisir parce qu’à ces fiestas camperas,
nous nous retrouvons en famille, c'est-à-dire avec des aficionados,
heureux de saluer le travail fait par le mayoral
et ses vaqueros.
Les agapes
C’est au salon de Mirandilla,
plein à craquer, mais aussi en extérieur, que se poursuivit la journée autour
de tapas et boissons. Nous nous retrouvâmes, un certain nombre, autour de Fabrice pour un débriefing improvisé, sur la novillada qu’il nous avait présentée. C’est
cette communication qui nous fait grandir dans la culture tauromachique. Le ruedo Les panses bien remplies, place aux vachettes autour
du ruedo. Des éclats de rires, un public
bon enfant, un soleil couchant magnifique, des volontaires disposés à assurer
le spectacle, il n’en fallait pas plus, pour voir Véro
et Sylvie fouler le sable du ruedo,
incitant la vachette à dédaigner s’occuper de la cape qu’elles tenaient. Un
courage salué par des gradins combles et semble-t-il facilité par l’eau
minérale du coin. Mais bon, il fallait y aller !!! Retour au salon pour terminer la journée, appuyés au
comptoir, la « cerveza » pas
tout à fait à l’envers ou pour danser les sévillanes, rumba … avec Arlette des grands jours, comme d’hab. et autres
membres de COL YTOROS, de Torrito aficion ou autochtones. Fatigué, conscient que c’était notre dernière
soirée, tout le groupe se retrouva à l’Hacienda
San Felipe, pour déguster ensemble une succulente paëlla et lever
l’ultimo verre de l’amitié de cette belle aventure. Despedida Cette édition évidemment était particulière parce
que pleine de nostalgie, de regrets, de frustrations futures, de
reconnaissances, d’émotions, d’amitié. J’ai été très heureux : 1- De partager ces deux jours, d’abord avec le
groupe de COL Y TOROS, composé de personnes
attachantes et bienveillantes, pour certaines que j’ai appris à connaître ou
à retrouver mais aussi avec les autres membres de Torrito
aficion. 2- De bénéficier des apports des uns et des autres,
bien sûr du mayoral Fabrice mais aussi de Roland, notre président de la coordination des
clubs taurins, de Philippe, notre
président organisateur, de Jean, le
réboussier nîmois, ô combien attachant, de Bertrand,
le novillero en devenir etc. … Je veux dire : ü
Merci à
Véro et Philippe pour cette énième édition
andalouse. Ce n’est pas rien de driver un groupe d’une quarantaine de
personnes, pas toujours manso. ü
Merci à
nos chauffeurs pour leur dextérité, le
sacrifice du verre de trop et leur bonne humeur au volant de leur
« jaguar » MG. ü
Merci à
Alain Ducros et son staff de Torrito aficion, les coorganisateurs disponibles
et accueillants. ü
Merci à
Fabrice, Isabel,
leurs filles et leur équipe pour tous ces
moments partagés de cette histoire unique en tauromachie. ü
Merci
et respect à Maruchi, la marquise toujours
souriante, attentive et ouverte, malgré le poids des années. En avons-nous « trophée » ?
C’est vous qui le direz. A bientôt, ici, là-bas ou ailleurs. Dominique, un inconnu qui passe. |