Les amis qui sont venus nous visiter à Mirandilla la connaissent. Elle se ballade où bon lui semble. Indépendante et solitaire, ont la croise dans le jardin, dans le patio, dans l’enclos des jeunes taureaux, dans les arènes, en compagnie des chevaux … Elle rentre seulement en fin d’après-midi vers le cortijo pour retrouver le confort de son box dans les écuries, où elle passe la nuit.
En ce jour de ferrade, le vétérinaire nous confirme que cette génisse doit, comme ses sœurs, être marquée au feu. Javi, le vacher qui l’a nourrie, s’y résout, l’attrappe et, la mort dans l’âme, l’amène près du foyer. Cette trahison lui vaudra d’ailleurs une bonne semaine de bouderie de sa fille adoptive. Le bétail brave a de la mémoire!
Je suis persuadé que les brûlures sur sa peau vont réveiller le caractère de Princesa et qu’elle va lutter ardemment contre cette douloureuse injustice. Pourtant, à l’application du fer, maintenue par le seul Javi, elle se débat à peine et accepte la punition sans broncher. Elle exprime juste en sourdine un léger mugissement, comme de soumission. Quelle différence de comportement avec les autres vachettes dont la force de trois ou quatre gaillards est nécessaire pour les contraindre!
Aucune réaction de caste! L’acquis a gommé l’inné. L’éducation a vaincu le code génétique. La main de l’homme a inhibé le tempérament et l’a transformé en une extrême noblesse. A méditer ...
Mais l'histoire de Princesa n’est peut-être qu’une exception…