A l'occasion des Journées Torrito Afición 2022 de la ganaderia du marquis d'Albaserrada à Gerena, aux portes de Séville, nous sommes invités au campo de Mirandilla que nous découvrons ainsi pour la première fois : quelle belle expérience inattendue pour les ressortissants bourguignons que nous sommes, jusque-là davantage habitués à l'élevage des charolais et dont le plus haut fait d'armes est d'avoir assisté à la traditionnelle vente au cadran de Saint Christophe en Brionnais !Dans la foulée de l'installation au superbe cortijo El Esparragal, d'abord se mettre dans l'ambiance andalouse avec une première sortie à la bodega du village, la Bomba, en bonne compagnie d'une délégation de Beaucaire particulièrement motivée.
Puis virée le lendemain jusqu'à Cadix pour prendre l'air vif de l'Atlantique et commencer à sombrer dans la culture mudéjar et dans les habitudes gustatives andalouses autour des étals du marché central.
Voilà, maintenant l'immersion dans le monde des taureaux de combat débute enfin pour nous avec le marquage des jeunes taureaux, les tentatives des aficionados les plus courageux pour les attraper par leurs cornes déjà solides, les odeurs acres de fumée quand le poil de la bête reçoit ses tatouages, le relâchage vers les prés pour retrouver leur clan. Bon, l'âge et l'état de notre dos nous invitent à rester raisonnables en laissant cette mission aux plus valeureux, notre participation au marquage aidé par le mayoral lui-même suffit amplement à immortaliser ce moment dans notre histoire personnelle.
Décontractée, la balade dans les champs à bord de remorques solides pour aller admirer les « stars » : des taureaux impressionnants dont le seul regard vous fait froid dans le dos et qui n'hésitent pas à charger au moindre manque de vigilance, n'est-ce pas Fabrice ! Des bêtes magnifiques avec leur robe noire parfaite, leur port de tête altier et, néanmoins, leur sérénité tranquille.
450 bêtes qui paissent tranquillement parmi les 650 hectares de la ganaderia et qu'il faut chercher pour les observer en évitant de les déranger.
Poursuite par un test de jeunes taureaux dans l'arène pour sélectionner un futur reproducteur. On aperçoit Fabrice Torrito particulièrement attentif, carnet en mains pour tout noter sur l'allure des jeunes bêtes et définir ainsi leur destinée : on ressent déjà là toute la forte responsabilité qui lui incombe en tant que mayoral .
Puis, apéro sympa en terrasse avant le cocido traditionnel à la ferme.
Seconde journée au campo avec le festival : c'est LE moment attendu, pour nous mi-curieux, mi-interrogatifs.
On a bien participé à quelques ferias à Nîmes et Béziers, à quelques courses camarguaises à Beaucaire ou au Grau du Roi, à quelques encierros à Sommières ou au Crès mais, là, maintenant, en plein débat sur l'avenir de la corrida, on y est !
Et quoi penser de cette corrida en pleine campagne andalouse, nous qui ne sommes ni pour, ni contre mais simplement soucieux du respect des traditions ?
Le spectacle est absolument intense et impressionnant : la mise en place des cuadrillas, le moment de la pique à cheval, la pose des banderilles, les passes multiples du torero au ras des cornes jusqu'à l'estocade, l'enlèvement des taureaux sous les applaudissements des aficionados qui saluent leur bravoure. Avec, surprenante tradition, une jeune femme torera parmi les quatre combattants invités sur ce festival.
On perçoit le danger permanent dans ces combats homériques pour lesquels les commentaires d'Arlette auront été bienvenus pour nous expliquer en détail toutes les subtilités techniques des passes et du comportement des taureaux dans cette arène carrée, simple et belle.
Pas de manifestation exubérante parmi le public de connaisseurs, juste un moment de partage entre aficionados qui poursuivent leur conversation passionnée autour du repas pris dans cette ambiance émouvante.
Honnêtement, on appréhendait un peu ce festival, on en revient enchantés et prêts à raconter à d'autres amis cette belle aventure du partage d'une région, d'une culture et d'un patrimoine, authentique à la ville comme à la campagne !
Pour matérialiser notre ressenti, terminons par deux chiffres qui nous auront ainsi particulièrement marqués avant de repartir d'Andalousie : un taureau de combat, c'est 4 fois moins de toxines qu'un bovin en élevage classique, 15 000 taureaux de combat sont en corrida par an contre 3 millions de bovins tués par jour en abattoir !
On aura tout dit !
Merci à Fabrice et à nos mis de nous avoir permis cette découverte du campo sévillan que nous n'oublierons jamais.
Marie Pierre et Gilles