lundi 24 mai 2010

Le cratère de la survie

Les taureaux sont sensibles aux changements climatiques. Ils sont plus nerveux avant un gros orage. On dit qu’ils annoncent la pluie. Ils parcourent l’enclos de long en large, mugissent, grattent le sol.

Pour se déparasiter, outre se lécher et se frotter les uns les autres ou se laisser nettoyer par l’aigrette pique-bœuf, les taureaux raclent le sol pour s’envoyer de la terre sur les flancs.
Mais pourquoi avec autant d’insistance avant la pluie ?

Ce matin-là, je perçai le mystère.

La veille, les taureaux avaient fait montre d’une nervosité inhabituelle. Leurs cris déchiraient le silence du campo et ils grattaient frénétiquement la terre. Ils parvinrent à creuser un véritable cratère de plusieurs mètres. Harassés, ils se couchèrent dans cette fosse. La terre retournée était plus humide et leur offrait une sensation de fraîcheur bien agréable en cette période de fortes chaleurs.

Au coucher du soleil, les obscurs nuages se fendirent. S’abattit alors sur la campagne un orage apocalyptique. Le cratère se remplit d’eau de pluie.
Quelle ne fut pas ma surprise, à l’aube, d’observer que les taureaux étaient en train de boire dans cette mare trouble. L’eau limpide de l’abreuvoir ne les intéressait plus.
Ils préféraient l’eau tombée du ciel à celle, plus artificielle, proposée par l’homme.

Le taureau, malgré quasiment trois siècles d’intervention de l’homme dans sa sélection génétique, n’a pas perdu son instinct de survie. Créer une retenue d’eau pour pouvoir s’abreuver en cas de sécheresse, est un de ces réflexes de survivance.

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