Depuis quelques jours le groupe de taureaux de quatre ans est très nerveux. Temps à l'orage, vent du Nord, il n'en faut pas plus à ces fauves pour se créer des contentieux et les régler à leur manière : la force brute. Ce matin, attirés par des beuglements terribles, Chico et Javi, en train de distribuer la nourriture s'approchent du fond de l'enclos où la bagarre fait rage. Trois taureaux ont réussi à coucher Timonero, le nº 33, et sont en train de s'acharner sur lui. Chico décide de s'interposer avec le tracteur. Sans cette intervation, c'est une fin certaine pour l'animal.
Les autres taureaux s'éloignent, mais Timonero fou de rage de la raclée qu'il vient de subir commence à s'en prendre au tracteur. En remerciement de lui avoir sauvé la vie, le taureau se déchaîne sur le tracteur. Et là, c'est un véritable torrent de sauvagerie, une violence inouïe qui se libèrent. Sa vengeance est terrible. Plus rien ne peut l'arrêter.
Plus d'une heure à embestir le tracteur et sa remorque, à donner des coups de cornes à tous vents, à tourner autour de cet ennemi qui pourtant ne bouge pas, ne se défend pas. Lorsque Timonero s'éloigne un peu c'est pour aller se désaltérer dans une flaque à quelques dix mètres de distance et revenir de plus belle au galop. Dix fois, vingt sois, trente fois ... S'il participait à une corrida-concours, Timonero aurait gagné le prix au taureau le plus brave sans discussion possible.
Et Chico et Javi, les deux vachers debouts sur la cabine du tracteur, sans oser faire le moindre geste, sans pouvoir parler, sans émettre le moindre son. Ils se faisaient tout petits, petits, petits. Un rêve : disparaître, ne plus être là sur ce satané tracteur. Collés l'un à l'autre, ils n'ont jamais été aussi proches. Le danger et la peur rapprochent les âmes ... Jamais l'expression serrer les fesses n'a été aussi juste! On peut aisément imaginer ce qui leur passait par la tête chaque fois qu'ils voyaient Timonero lever la tête pour les chercher du regard et s'élancer vers eux, les cornes chaque fois plus proches de leurs jambes. Ils me confieront qu'ils se souviendront longtemps de l'haleine et la bave de ce taureau sur leurs chevilles! Un pneu, deux pneus, trois pneus ... Un véritable carnage! Chico et Javi prient tous les dieux d'Andalousie et du Vénézuela pour que le quatrième pneu soit épargné. C'est la hauteur de ce pneu qui les maintient hors de portée de l'ire de Timonero. Sans ça ...
Et moi, témoin impuissant de cette scène, sans pouvoir faire grand chose, qui fait en sorte que Timonero s'intéresse à mon 4x4 et oublie le tracteur. Mais rien à faire, sa guerre est avec le tracteur, pas avec mon véhicule. Et la peur en moi chaque fois que Timonero charge et que je vois Chico et Javi faire un bond en l'air sous la puissance du choc. Des pensées folles. Un fusil pour l'endormir? Appeler un véto. Le temps qu'il arrive...Un fusil pour ... l'abattre? Mais je suis incapable de le faire. On n'a même pas de fusil! En cas de situation extrême (un vacher crocheté et jeté au sol), mon plan est de me balancer avec le 4x4 au milieu de la lutte et tenter de repêcher le malheureux. Et les portes arrières du Nissan qui ne s'ouvrent pas de l'extérieur!
Je vais chercher la manade de bœufs. Je fais courir tout le bétail dans l'enclos. Cet affolement général crée diversion et Timonero commence à lâcher sa proie.
Je vais chercher la manade de bœufs. Je fais courir tout le bétail dans l'enclos. Cet affolement général crée diversion et Timonero commence à lâcher sa proie.
Las, et surtout vainqueur de cet ennemi qui ne bougeait plus, il décide enfin de s'éloigner. Finalement, plus de peur que de mal. Le taureau est sauvé (pour l'instant), il n'est pas blessé. Il ne s'est même pas abîmé une corne (que c'est dur une corne de taureau!). Chico et Javi en sont pour une belle frayeur qu'ils raconteront demain avec grands éclats de rire. Seulement des dégâts matériels. Trois pneumatiques lacérés, des centaines d'euros de frais supplémentaires. Et un rappel à ne jamais oublier dans la routine des travaux du campo : un taureau brave est un animal sélectionné pour se battre et tuer.
Si tout se passe bien, Timonero sera lidié en France cette année. Qu'il démontre le dixième de la sauvagerie qu'il a exprimée aujourd'hui et le mayoral sera le plus heureux des mayorals.
Timonero se remet de sa lutte |
Timonero sali par son combat contre un tracteur |
Quand on voit ce qu'il reste des pneus du tracteur, c'est impressionnant.
RépondreSupprimerJe comprends pourquoi quand on a visité la ganaderia dans ton 4x4, tu conduisais tout en douceur !
J'en profite pour te souhaiter une bonne année.
François BARETTE (de Marseille)
Si la scène avait été filmée, elle aurait fait quelques milliers de vues sur internet. Bonne année à toute la ganaderia (et bon courage)
RépondreSupprimerEric Vuiton (St-Etienne)
Toros bravos, claro que si, gilipollas profundos tambien a veces...
RépondreSupprimerPeut être penser lors du renouvellement à un tracteur sur chenilles.
RépondreSupprimerSerait étonnant que les futurs "Tulios" soient plus "quietos".
Ca rappelle l'accident du touriste allemand qui faisait du VTT et qui avait été tué par un novillo de Blohorn qui avait sauté le barrage
RépondreSupprimerla sauvagerie d un toro peut etre d un violence inouie j en garde un souvenir chez hernandez pla pres de madrid un taureau tua deux congeneres trois chiens le mayoral a du lui foncer dessus avec son 4x4 terrible !!!!
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