jeudi 30 avril 2015

Le renversant destin d'Hortelano


En général, les taureaux de Mirandilla dont je vous conte l'histoire, sont de superbes exemplaires, pourvus d'une santé pétulante. Mais la gestion d'une ganadería est aussi faite de blessures, fractures, maladies et taureaux détériorés.

Hortelano, le numéro 23, a quatre ans. Il devait être combattu cette année en corrida. Le destin en a décidé autrement.

Opéré d'un kyste sur la gorge, il s'est luxé la hanche dans le couloir de soins en se débattant pendant l'opération.

La lésion était irréversible. Ce taureau ne serait jamais présenté en public.

Issu d'une lignée de qualité (fils de Bandera, l'étalon du renouveau) et morphologiquement supérieur (berceau de cornes magnifique), je ne me résignais pas à envoyer Hortelano à l'infamant abattoir.

Je décidais alors de le convertir en semental. Pour évaluer le niveau de sa blessure et vérifier s'il pouvait couvrir une femelle, je le regroupais avec une manade de génisses.

Après six mois d'essai, voyant que son état de santé empirait, qu'il avait perdu énormément de poids et qu'il avait beaucoup de mal à se mouvoir, je décidais de le sacrifier. Avant, je devais le toréer "a puerta cerrada" (en privé) pour me rendre compte de son caractère et permettre à un matador de s'entraîner. Triste sort réservé aux taureaux inutilisables pour la corrida.

Très affaibli, je n'étais pas certain qu'il puisse se maintenir sur ses pattes. Je ne faisais d'ailleurs préparer le cheval de picador que par acquis de conscience, certain de n'avoir pas á l'utiliser.

Hortelano dans le capote
de Manuel Reyes

Le résultat a été ahurissant. Non seulement Hortelano a tenu sur ses pattes, mais il a fallu faire intervenir le picador pour lui administrer trois grosses piques.

Javi Silva, le torero de "la casa" l'a longuement toréé, suivi de trois autres toreros, pour une faena globale de près d'une demi-heure.

L'animal n'a eu cesse d'attaquer, n'a jamais ouvert la gueule, n'a jamais chercher à se réfugier. Un grand taureau, un superbe guerrier. Le tout avec une noblesse marque de distinction de la famille de Bandera.

On en venait à oublier qu'il s'agissait d'un taureau grandement handicapé!

Quand le mental dépasse le physique ...

Hortelano, grâcié,
en pleine convalescence

Le mayoral que je suis avait du mal à cacher sa satisfaction. Ce taureau devait vivre!

Grâcié, il faut maintenant le remettre en forme afin qu'il puisse exercer ses nouvelles fonctions de reproducteur.

Pour cela, notre vétérinaire lui a prescrit un véritable traitement de "cheval", à la limite du dopage.

Puisse Hortelano se fortifier et ainsi faire profiter de son magnifique patrimoine génétique à de très nombreux fils et filles.

7 commentaires:

  1. Un vrai conte de fée pour toi FABRICE.
    ¡ SUERTE HORTELANO !

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  2. J-Louis BARRAIS1 mai 2015 à 09:49

    Quand l'habit ne fait pas le moine, ou de l'inanité du délit de faciès.
    Encore faut il avoir l'intelligence et la curiosité d'aller voir au delà.
    Bravo et félicitations Fabrice, et longue vie à Hortelano

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  3. S'agit-il du toro mis à l'écart dans les chiqueros que nous avons vu il y a 2 semaines ?
    Je suis heureux pour Hortelano mais aussi pour toi, Fabrice, tu es sur la bonne voie.
    Un conseil aux empresas et aux commissions taurines ,venez faire un tour à Mirandilla...
    Cyril B -Toulouse-

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  4. Comme pour les humains,quand la tête va ....le corps suit.Longue vie à Hortelano !

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  5. Fabrice Bonjour,

    J'ai lu avec plaisir "le renversant destin d'HORTELANO", qui est également celui d'un toro de Juan Pédro Domecq qui le dimanche précédent l'alternative de José GARRIDO à SEVILLE a vu celui-ci toreer "a puerta cerrada" un toro sérieusement handicapé d'une patte qui, malgré ce , a fourni une prestation extraordinaire lui permettant d'obtenir la grâce du ganadero.
    En se plaçant (sans prétention aucune) dans un raisonnement philosophique on pourrait en conclure que peut-être à quelques dizaines de kilomètres certains toros se communiquent et qu'ainsi le toro de JP DOMECQ a incité HORTELANO à faire de même afin que chacun dans sa ganaderia profite des plaisirs terriens.
    Utopie certainement, mais n'a -t-on pas entendu un philosophe (un vrai) ily a quelques années en pleine féria de SEVILLE s'interroger sur le "suicide" d'un toro par un coup de tête sur le burladero dés sa sortie en piste ?
    En tout cas bravo pour le partage de ton quotidien et suerte pour toi et tous les tiens.

    Dédé

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    1. Bravo Fabrice, oeil du mayoral car les grands toros sont souvent comme ça. Il ne montrent rien cache tout pour ce devoiler dans le ruedo

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    2. Bravo Fabrice, oeil du mayoral car les grands toros sont souvent comme ça. Il ne montrent rien cache tout pour ce devoiler dans le ruedo

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