jeudi 19 septembre 2019

Le problème, c'est la caste ...

Traduction du texte de Pla Ventura :


Javier Cortés à Mirandilla


"Nous en sommes à deux corridas à Madrid lors du cycle de "défis d'éleveurs" et, les chiffres sont éloquents : deux corridas, deux blessés très graves. Deux hommes braves qui n'ont pas hésité à affronter de véritables taureaux.

Autant Arturo Macías comme Javier Cortés, ont reçu deux coups de corne gravissimes, ce qui confirme que le taureau de caste pose d'immenses problèmes. Alors que Macías est rentré au Méxique pour récupérer du coup de corne et de la blessure au genou, Cortés se débat dans l'ardu combat de retrouver la vision de son œil droit.

Alors qu'à Madrid, avec ce type de taureaux, la vie des toreros tient à un fil, en province et dans les villages, le public s'enthousiasme pour que les matadors du taureau commercial, moi je l'appelle âne pourvu de cornes, s'imposent avec fracas, avec l'appui inconditionnel de la presse triomphaliste qui s'affiche comme complice de cette fraude.

En tauromachie il existe encore deux types de spectacles, raison pour laquelle le microcosme taurin sera toujours le plus injuste du monde. Par exemple, dans l'univers du football, les clubs d'Eibar et de Barcelone peuvent s'affronter et n'importe lequel des deux peut vaincre, ce qui crée le magie du ballon rond. En tauromachie, on sait à l'avance qui doit gagner et on connaît le perdant avec certitude.

Celui qui est placé en haut du classement des toreros prend du plaisir en tuant les corridas commerciales, celles où il n'y a aucun danger bien qu'elles soient considérées comme des corridas de taureaux; ceux en bas de ce classement n'ont pas le choix, ou ils acceptent de toréer ce que peronne ne veut ou ils restent chez eux, ce qui est finalement pire. Ce qui est triste dans cette situation c'est que ce sont ceux qui s'exposent le moins qui accèdent à la gloire, alors que ceux qui se jouent vraiment la vie, ne sont pas récompensés. Ils ne reçoivent même pas la reconnaissance appropriée pour ce geste qu'ils sont en train d'accomplir.

Est-ce une bonne chose que sortent en piste les corridas dites dures, c'est à dire, celles qui ont de la caste et du danger? Cela sera toujours une bonne chose car grâce à ce genre de corridas, tout le monde, en son for intérieur, même ceux qui refusent de les toréer, TOUS, sans distinction, se vantent que les taureaux blessent. Mais qui blessent-ils? Les humbles, jamais les vedettes de la tauromachie.

Lorsque une tragédie se produit lors de ce type de corridas que tous ceux qui sont en haut du classement dénigrent comme s'ils s'agissaient de corridas répugnantes, tous s'attachent à dire que le taureau de combat est dangereux.

La tauromachie a énormément changé. Dans le temps, les matadors qui commandaient dans le milieu affrontaient avec une certaine assiduité la caste parce que les publics l'exigeaient ainsi. Mais évidemment, il s'agissait d'hommes d'une autre époque et dotés d'une caste indéniable.

De nos jours s'impose le demi-taureau auquel ne rennoncent pas les dominants du milieu. Ils ont le contrôle sur tout. Ils exigent les taureaux à combattre et maîtrisent les informateurs qui s'empresseront de rendre hommage de forme exponentielle à tout ce qu'ils auront fait en piste.

J'insiste, pendant que des hommes courageux se jouent la seule chose qu'ils ont, la vie, les "vedettes" accommodées se divertissent, amenant des petits taureaux dans leur propre fourgonnette afin qu'il n'y ait pas surprise. C'est une métaphore, mais plus vraie que vraie!

Les faits ne mentent pas. La saison est très longue de mars à octobre, et quels toreros sont tombés au combat? C'est la preuve irréfutable de tout ce que j'avance. Que se passe-t-il, les stars sont-elles plus intelligentes que les modestes?  Evidemment non! 

Le matador qui se fait blesser est celui qui assume le plus de risques, bien que cela ne soit pas au goût du jour et que cela ne lui rapporte aucune gloire. Mais c'est une vérité catégorique que nous ne devons jamais oublier, bien que l'immense majorité veuille l'ignorer."

Pla Ventura.

3 commentaires:

  1. La lecture du commentaire de PLA VENTURA est réaliste mais aussi et surtout à contre courant des commentaires généralement aseptisés régulièrement assénés par une certaine majorité de médias, le "mundillo" est et reste (ra ?) le réceptacle de "prés carrés" de beaucoup de personnes gravitant en son sein afin de profiter du moindre subside.
    Il utilise le mot "injuste" certainement "bémolisé" au regard de la réalité mais aussi par rapport à la suite de cet article car celui-ci est dur et certainement excessif, les échos le seront certainement également, la vérité est parfois difficile à dire.
    Faut-il en conclure qu'il existe deux catégories de toreros, ceux pour les corridas "toristas" ceux pour les corridas "toreristas" ? les uns sont vedettes les autres les obscurs, ce raccourci ne doit pas exister mais n'est-ce pas au public de réagir ?
    En est-il capable ? lorsque l'on voit (de plus en plus !) un "piquero" applaudi pour avoir esquissé seulement un semblant de pique (parfois même à la première) on peut se poser la question.
    Ne faudrait-il pas éduquer ce public ?

    Dédé

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  2. bonjour c'est vrai les toreros dits "obscurs " devraient être payés comme les autres car ils ont devant eux la même matière première ( plus dangereuse et plus risquée ) et rémunérés le minimum pour certains. pour les piques il y a de tout soit on ne pique pas assez, soi on assassine le toro à la première rencontre avec le cheval, étant moi même fils de picador, comme disait mon Père Sébastian " la suerte de varas hay que médirla "..bien à vous...Angel.

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  3. Bonjour,
    René Chavanieu n'aurait pas dit mieux...en tout cas, il ne l'aurait peut-etre pas aussi bien écrit. Le texte est direct, cru et malheureusement complètement réaliste. Comment voulez vous éduquer un public qui est abruti par toutes les formes de médias prônant uniquement la facilité ? A nous de continuer à nous battre pour aider à préserver les élevages de toros encastés, à nous de ne pas aller voir des spectacles taurins invalides, à nous de résister jusqu'au bout. A nous de soutenir ce petit Cortes, de le lui faire savoir, de lui dire que nous le respectons pour son courage et son engagement, Nous lui devons bien ça. Je me souviens d'une chanson qui retentissait dans les gradins de Pampelune (à une époque où le public pamplonais savait arrêter de faire l'andouille lorsqu'un torero s'arrimait) : Cortes, Cortes, Cortes es cojonudo, como Cortes, n'as d'enguno (pardon pour l'approximation orthographique). Aux azulejos aficionados de Mirandilla, nous devrions ajouter des azulejos témoignages du courage de ceux qui affrontent ses pensionnaires. On en reparle en AG ?
    Arlette

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