Il est le fils de son père. Comme tout le monde me direz-vous.
Oui, sauf que son père à lui, c’est le grand El Cordobés. Où est le problème?
Cela doit être un honneur me direz-vous que votre père soit le grand El
Cordobés. Oui, certainement. Mais lorsque vous avez decidé de faire le même
métier que votre père. Lorsque vous avez comme objectif de devenir matador de
toros, comme le grand El Cordobés … cette génétique familiale devient plus
difficile à assumer!
La bonne humeur contagieuse d'El Cordobés |
Julio Benitez qui a connu une courte carrière assez
irrégulière, veut se relancer dans cette si difficile profession. Il a besoin
de toréer à nouveau, de retrouver le sitio comme disent les professionnels.
C’est dans cet état d’esprit que les Marquis d’Albaserrada avaient convié Julio
Benitez à un tentadero à Mirandilla.
Julio Benitez por derechazos |
Accompagné de son banderillero de confiance, de son
apoderado du moment Paco Dorado (El Comandante), du veedor de toros Curro
Andaluz, d’une cour partisane habituelle, la venue de Julio Benitez m’a permis
de faire une rencontre humaine importante : celle de Manuel Benitez El
Cordobés, … le père du fils! Une de ces rencontres qui grandit toute existence
d’aficionado.
Le tentadero de quatre génisses n’a pas satisfait du tout le
mayoral. Aucune vache complète, aucune vache au comportement ne serait-ce que supérieur à la
moyenne. La première certainement piquée par le moustique de la course
sampiternelle, la seconde noble mais faible, la troisième encastée et difficile
(la plus intéressante) et l’ultime mansa. Quatre desechos. Quatre vaches réformées.
Lorsque les vaches ont décidé de ne pas embestir, le mayoral sait qu’elles se
passent le mot et rendent une copie homogènement médiocre à leur examen de
sélection.
Matador et mayoral déçus du tentadero |
Sur l’avenir tauromachique de Julio Benitez, j’émets des
réserves, mais ce n’est pas à moi d’en juger, et ce n’est pas non plus le but
de ce papier. Par contre quel régal que de cotoyer quelques heures le grand
Manuel Benitez. Il ne correspond pas à ma
génération de matadors (ces prestations en ultimes come-back restant anecdotiques),
mais pour un aficionado qui s’est nourri, entre autres lectures, dans sa quête
de la connaissance taurine, de la prose de “Tu porteras mon deuil “ de Lapierre
et Collins, partager un tentadero derrière le même burladero qu’El Cordobés est un grand privilège.
Dans le musée de Mirandilla avec le Marquis |
Les conseils techniques à son fils, les invectives aux timides maletillas, les commentaires sur les vaches, les anecdotes invraisemblables sur sa carrière et ses à côtés, le respect montré envers ses hôtes du jour, tout chez Manuel Benitez dégage humilité, gentillesse, bon sens, bonne humeur, force de vivre et une humanité rare.
Une des anecdotes hilarantes du Maestro |
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