mardi 18 décembre 2012

Une leçon de ressenti


Dans le patio. Accueil du groupe par le mayoral. Prise de parole du responsable du groupe Jean-Michel :

“la visite de votre ganadería était pour moi le moment fort de mon séjour à Séville. Je dirais même qu’elle était quasiment le seul but de mon voyage en Andalousie. J’ai bien expliqué cela au groupe lorsque nous prépariions le voyage. Merci donc de nous permettre avec mes amis de pouvoir visiter votre campo. C’est un rêve de gamin qui se réalise. Et puis, comme je leur disais, pas n’importe quel élevage : les Marquis d’Albaserrada, ni plus ni moins! Ceux de Vic et Pamplona des années 80. Ceux aux cornes démesurées, à la caste sauvage, aux tercios de piques terribles, en un mot, ceux qui faisaient fuir les vedettes!”

Dans la remorque. Commentaires de Jean-Michel :

“le berceau est très ouvert, les cornes extrêmement fines. Claires à la base et très noires au bout. Les robes de cet encaste sont en grande majorité noires, avec des bragados et des listón. C’est un animal de taille plutôt réduite. Petite caisse, court, bas et pesant rarement plus de 500 kilos. L’Albaserrada se bat beaucoup au campo. Les bagarres sont terifiantes et les pertes nombreuses. Il y a toujours un dominant qui impose sa loi aux autres et inversement, le dominé qui doit se plier à la suprématie de ses frères.”

Dans la plaza de tienta, capote et muleta en mains, véritable leçon de toreo de salon de Jean-Michel. Divers quites de cape, différence entre naturelles et derechazos. Qu’est-ce que toréer de face, de profil, de trois-quart, … La chicuelina mains basses de Manzanares père, la demi véronique de Morante, le Julipié d’El Juli, …

Dans le musée, Jean-Michel encore :
“vous vous rendez compte! La tête de Laborioso, le novillo grâcié dans la Maestranza en 1965! Elle est là, devant vous, accrochée à ce mur. Je ne pensais pas y avoir accès un jour. Je vis vraiment un moment magique.”

Le adieux devant le bus. Jean-Michel est ému :
“ce moment de campo, le mugissement des fauves, le bruit du choc de leurs cornes, … tout ça respire le taureau! Je n’oublierai jamais Mirandilla. Ma vie d’aficionado vient de vivre un tournant. Merci fabrice, merci mayoral!”

Jean-Michel monte le dernier dans le bus, à regret. Abrazo sincère. Il tourne la tête vers l’enclos des sementals. Une dernière odeur peut-être, un dernier souvenir.

Une visite de plus pour le mayoral? Encore un aficionado ravi de son passage à Mirandilla et qui a pu parfaire son éducation tauromachique? Non, aujourd’hui c’était beaucoup plus que tout cela. C’était beaucoup plus fort, beaucoup plus émouvant. C’était une véritable leçon d’afición et de ressenti.

Jean-Michel est non-voyant.

Fabrice encadré par Jean-Michel et sa compagne

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