Le mois de juin est une période très chargée à Mirandilla. On doit, dans l’ordre, réaliser la filiation, ramener les vaches de la dehesa, trier les sementales*, assainir le troupeau et sevrer les veaux.
La filiation /El ahijado*
6h30. J’ai rendez-vous avec Pablo Osborne, le vétérinaire de l’UCTL (Unión de Criadores de Toros de Lidia). Osborne, nom on ne peut plus approprié pour soigner des taureaux braves! Le lever du jour est le moment propice pour établir la filiation, lorsque les mères et leur rejetons se réveillent.
Dans mon bureau, on contrôle en premier lieu que l’information sur les documents qu’il possède du syndicat correspond à celle de mes listes. Combien de veaux déclarés, combien de crotales* utilisés, les mères indiquées sont-elles bien en vie, des veaux sont-ils morts depuis, … ? On décèle deux différences minimes: l’animal porteur de la boucle nº 5792 est déclaré comme mâle pour lui, et comme femelle pour moi; le veau de la vache nº 416 est vivant pour lui alors qu’il n’existe plus pour moi.
La vérification administrative terminée, direction le campo pour se rendre compte de visu. Pablo me met immédiatement à l’aise. On ne va pas examiner les 89 veaux déclarés. On va mettre au clair les deux écarts trouvés et constater une dizaine de filiations, au hasard.
Premier lot de vaches. Pablo me teste.
- combien de vaches y-a-t-il ici?
- quarante six
- tu sais dans quel lot se trouve le veau 5792?
- dans cet enclos précisément
- qui est sa mère?
- la nº 319
- montre-les moi s’il te plait
Un compliment au pasaje, sur l’excellent état des mères, qui fait toujours plaisir à entendre venant d’un véto, et nous cherchons cette vache dans les quarante-cinq hectares de l’enclos. Pablo en profite pour vérifier aux jumelles quelques numéros de veaux en train de têter leur mères. Il authentifie les liens fils-mères que j’avais déclarés au syndicat ainsi que leurs sexes.
Nous trouvons la vache nº 319. Elle est seule. Dès qu’elle voit le véhicule, elle accourt vers sa progéniture pour la protéger. Pablo confirme et note qu’il s’agit bien d’une femelle. Il me donne aussi son avis medical sur un abcès qu’elle porte sur le flanc.
Pablo me jauge encore.
- selon ma liste, la vache nº416 a un veau
- elle en a eu un, mais il est mort il y a bien un mois. Je suis certain d’avoir déclaré la perte. Je lui montre le document en faisant foi
- ce n’est pas grave, il y a souvent un temps de décalage entre la déclaration du mayoral et lorsque l’info me parvient.
- où se trouve la vache?
- dans le lot de “Beca”
- c’est loin
- non, à 10 minutes
- allons-y
Dès que nous pénétrons dans l’enclos, Pablo me demande si je suis capable de reconnaître de loin cette vache. Je prends cela comme une épreuve. Je n’ai pas encore, après 18 mois comme mayoral, la prétention de distinguer les 160 vaches de ventre, mais je commence à en connaître un bon nombre. Celle-ci est facilement discernable. Je l’identifie comme “la camarguaise”, pour ses cornes en forme de lyre. Effectivement, après cinq petites minutes de recherche, je l’aperçois au loin et la montre à pablo. On se rapproche.
Pablo me confirme, vu l’état de ses mamelles, que cette vache n’allaite plus depuis un certain temps et inscrit que son veau est bien mort.
Quelques numéros supplémentaires justifiés et Pablo m’indique que tout est ok, qu’il entérine la filiation.
La filiation /El ahijado*
6h30. J’ai rendez-vous avec Pablo Osborne, le vétérinaire de l’UCTL (Unión de Criadores de Toros de Lidia). Osborne, nom on ne peut plus approprié pour soigner des taureaux braves! Le lever du jour est le moment propice pour établir la filiation, lorsque les mères et leur rejetons se réveillent.
Dans mon bureau, on contrôle en premier lieu que l’information sur les documents qu’il possède du syndicat correspond à celle de mes listes. Combien de veaux déclarés, combien de crotales* utilisés, les mères indiquées sont-elles bien en vie, des veaux sont-ils morts depuis, … ? On décèle deux différences minimes: l’animal porteur de la boucle nº 5792 est déclaré comme mâle pour lui, et comme femelle pour moi; le veau de la vache nº 416 est vivant pour lui alors qu’il n’existe plus pour moi.
La vérification administrative terminée, direction le campo pour se rendre compte de visu. Pablo me met immédiatement à l’aise. On ne va pas examiner les 89 veaux déclarés. On va mettre au clair les deux écarts trouvés et constater une dizaine de filiations, au hasard.
Premier lot de vaches. Pablo me teste.
- combien de vaches y-a-t-il ici?
- quarante six
- tu sais dans quel lot se trouve le veau 5792?
- dans cet enclos précisément
- qui est sa mère?
- la nº 319
- montre-les moi s’il te plait
Un compliment au pasaje, sur l’excellent état des mères, qui fait toujours plaisir à entendre venant d’un véto, et nous cherchons cette vache dans les quarante-cinq hectares de l’enclos. Pablo en profite pour vérifier aux jumelles quelques numéros de veaux en train de têter leur mères. Il authentifie les liens fils-mères que j’avais déclarés au syndicat ainsi que leurs sexes.
Nous trouvons la vache nº 319. Elle est seule. Dès qu’elle voit le véhicule, elle accourt vers sa progéniture pour la protéger. Pablo confirme et note qu’il s’agit bien d’une femelle. Il me donne aussi son avis medical sur un abcès qu’elle porte sur le flanc.
Pablo me jauge encore.
- selon ma liste, la vache nº416 a un veau
- elle en a eu un, mais il est mort il y a bien un mois. Je suis certain d’avoir déclaré la perte. Je lui montre le document en faisant foi
- ce n’est pas grave, il y a souvent un temps de décalage entre la déclaration du mayoral et lorsque l’info me parvient.
- où se trouve la vache?
- dans le lot de “Beca”
- c’est loin
- non, à 10 minutes
- allons-y
Dès que nous pénétrons dans l’enclos, Pablo me demande si je suis capable de reconnaître de loin cette vache. Je prends cela comme une épreuve. Je n’ai pas encore, après 18 mois comme mayoral, la prétention de distinguer les 160 vaches de ventre, mais je commence à en connaître un bon nombre. Celle-ci est facilement discernable. Je l’identifie comme “la camarguaise”, pour ses cornes en forme de lyre. Effectivement, après cinq petites minutes de recherche, je l’aperçois au loin et la montre à pablo. On se rapproche.
Pablo me confirme, vu l’état de ses mamelles, que cette vache n’allaite plus depuis un certain temps et inscrit que son veau est bien mort.
Quelques numéros supplémentaires justifiés et Pablo m’indique que tout est ok, qu’il entérine la filiation.
La camarguaise
- il reste un troisième lot de vaches. On n’y va pas?
- j’ai terminé, mais allons-y tout de même, pour le plaisir
Cet élan d’aficion chez un véto qui effectue pourtant des filiations par dizaines chaque année, me séduit. Effectivement, nous admirons tranquillement, sans aucun document sur les genoux, sans contraintes, le dernier lot de mères. Elles sont grasses et ont la peau luisante. Elles sont en parfait état et en totale confiance. Je profite de ce beau moment de paix car je sais que dans quelques jours cette sérénité ne va plus exister. Il va falloir les ramener aux corrals pour les vacciner et ça c’est une autre histoire…
- j’ai terminé, mais allons-y tout de même, pour le plaisir
Cet élan d’aficion chez un véto qui effectue pourtant des filiations par dizaines chaque année, me séduit. Effectivement, nous admirons tranquillement, sans aucun document sur les genoux, sans contraintes, le dernier lot de mères. Elles sont grasses et ont la peau luisante. Elles sont en parfait état et en totale confiance. Je profite de ce beau moment de paix car je sais que dans quelques jours cette sérénité ne va plus exister. Il va falloir les ramener aux corrals pour les vacciner et ça c’est une autre histoire…
- ce veau est le seul à ne pas porter les boucles, me fait remarquer Pablo
- il nous a été impossible de tromper la vigilance de la mère pour l’attraper. Cette vache est une véritable furie et jamais un vacher n’a réussi à boucler un de ses veaux au campo!
On rentre au cortijo. Un grand verre d’eau fraîche étanche notre soif. La chaleur est étouffante. Il n’est pourtant qu’onze heure. Cela promet.
On signe les fiches administratives et Pablo me remet le document de l’UCTL validant la filiation 2010.
- bon boulot mayoral, tout est en rêgle. On se voit à l’automne pour la ferrade
Je sais qu’avec mes vachers nous n’avons fait que notre travail, mais ce compliment ne peut faire que du bien …
Crotales: boucles posées sur les oreilles des bêtes avec un code barre européen. Permet de suivre la traçabilité
Sementales: étalons, taureaux reproducteurs. Vient du mot semen, semence
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