26 juillet 2010.
Nuit de pleine lune.
Histoires fortes de campo.
Certaines magiques, d'autres moins nobles.
Histoires fortes de campo.
Certaines magiques, d'autres moins nobles.
Au village, tout le monde connaît Manuel. On sait qu’il rêve de devenir torero. Il a 14 ans. C’est un apprenti torero.
Si beaucoup avant lui ont tenté leur chance, aucun n’a réussi. Mais, avec Manuel, les anciens du village pensent que c’est plus sérieux. Ils trouvent qu’il a du style et de la personnalité.
On le voit s’entraîner tous les jours dans les arènes du village. Il assiste à toutes les corridas. Il ne sait parler que de taureaux et de toreros. Il s’agit pour lui d’une véritable vocation.
Si beaucoup avant lui ont tenté leur chance, aucun n’a réussi. Mais, avec Manuel, les anciens du village pensent que c’est plus sérieux. Ils trouvent qu’il a du style et de la personnalité.
On le voit s’entraîner tous les jours dans les arènes du village. Il assiste à toutes les corridas. Il ne sait parler que de taureaux et de toreros. Il s’agit pour lui d’une véritable vocation.
Cette nuit-là, il décide de passer à l’action. La lune est pleine. Elle illumine parfaitement l’obscurité. Il s’échappe par la fenêtre de sa chambre lorsque ses parents dorment.
Il quitte furtivement le village en faisant attention de ne pas être vu. Il se dirige vers la campagne voisine où vivent les taureaux de combat. Sa décision est prise : il va toréer, seul, un vrai taureau dans les champs.
Après plusieurs kilomètres parcourus, et de nombreuses clôtures franchies, il aperçoit la ferme. Il sait que derrière les bâtiments se trouvent les taureaux adultes. Il repère un superbe taureau noir couché sous un chêne. Son cœur bat à tout rompre. Il s’approche sans faire de bruit. Le taureau l’a senti et d’un bond se relève. L’apprenti sursaute. Il recule d’un pas et s’arrête. Il est transi de peur. Il ne sait pas ce qui va se passer. Des secondes interminables s’écoulent. Il ne distingue que les yeux brillants de la bête. Il pense à fuir et à retourner dans son lit douillet. Il sait qu’il est en train de faire une énorme bêtise.
Pourtant, il se résigne. Il n’a pas le droit de s’en aller, sinon il ne sera jamais un grand torero. Il sort la cape qu’il a cachée sous sa chemise, la déploie, la tend vers le taureau et appelle :
- Eh, eh, taureau !
Le taureau l’observe, amusé. Il le renifle et comprend qu’il ne s’agit que d’un enfant.
- Eh, eh, taureau ! Viens vers moi !
Après quelques secondes d’hésitation, le taureau se retourne et s’enfuit nonchalamment. Il est hors de question pour lui d’attaquer un enfant.
Manuel ne l’entend pas ainsi. Il se vexe. Il court derrière le taureau pour le forcer à attaquer. La poursuite dure une bonne partie de la nuit. Jamais le taureau ne voudra agresser l’enfant. Il réussit à l’égarer dans les bois.
Manuel est épuisé. Il n’a pas dormi et ces heures passées à courir derrière le taureau l’ont éreinté. L’ayant perdu de vue, dépité, il s’allonge un instant pour se reposer. Vaincu par la fatigue, il s’endort profondément.
Le taureau, caché derrière les roseaux, observe la scène. Il s’approche. Délicatement, avec ses cornes, il soulève la cape du torero abandonnée par terre, et en recouvre le garçon qui commençait à frissonner sous la fraîcheur de l’aube.
Au petit matin, les vachers sont témoins de cette scène extraordinaire : Manuel endormi, recouvert d’une cape de torero, un taureau couché à ses côtés en train de le réchauffer.
Dessin Joaquin Lora Sangrán
Extrait de l'ouvrage "Luminoso se mit à parler", de Fabrice, María et Isabel Torrito.
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